dialogue imaginaire
La scène se passe par temps froid et nuageux, dans un lieu de tristesse, de souvenirs et de nostalgie. En fin d'après-midi. Elle s'approche, elle lui parle.
— Salut!
— Salut! T'as pas amené de fleurs? Dans ce genre de circonstances, on apporte toujours des fleurs. Je pourrais le prendre mal, tu sais.
— Te moque pas, merde. J'ai pas eu le temps d'en acheter.
— Que tu dis... Non, je plaisante.
— Fais pas ça. Tout le monde me l'a fait. Me dire des vacheries affreuses, puis me flanquer des tapes dans le dos en braillant "mais j'rigole!" comme si j'étais une attardée mentale.
— Ok, je le referai plus.
— Je peux fumer une clope?
— Si tu veux. Ça ne risque pas de me déranger de toutes façons. Bon, quel bon vent t'amène?
— J'avais envie de te voir. Je me sens seule en ce moment, c'est horrible.
— Je sais ce que c'est. Dans le temps, ça m'a inspiré plein de trucs, ce genre de sensation.
— Je vois ce que tu veux dire.
— Ça te plaît?
— C'est ça qui m'a donné envie de te voir.
— Tu me flattes.
— Dis, je peux te poser une question?
— Bien sûr!
— Qu'est-ce qu'il y a de l'autre côté?
— Il n'y a rien, ma puce. Si je te parle, c'est parce que tu le crois très fort. Je suis dans ta tête. En vrai, je ne suis pas là, je suis nulle part.
— Y a d'autres gens qui viennent te parler comme moi?
— Des tas.
— Et qu'est-ce qu'ils te disent?
— C'est un secret. Ça ne regarde qu'eux.
— Je me sens bête, là. Je vais acheter des fleurs, je reviens.
Elle fait demi-tour, se rend chez un fleuriste. Achète quelques fleurs. Retourne là d'où elle était partie.
— Voilà. Tiens, des fleurs. Des cyclamens blancs.
— Pourquoi des fleurs blanches?
— Tu le sais très bien.
— Je veux que tu me le dises.
— À cause de la symbolique. Des fleurs blanches, la pureté.
— Tu crois que je suis quelqu'un de pur?
— D'un certain point de vue, oui.
— Mmmm... Tu aimes la symbolique?
— J'aime la mise en scène. Ça me donne l'impression de maîtriser ma propre vie. Mais normalement, ça ne marche pas quand je suis avec des gens, je ne peux pas prévoir leurs réactions.
— Bien sûr que si. Ça ne t'es jamais arrivé de provoquer quelqu'un, pour voir s'il allait réagir différamment et lui dire "je savais que tu le prendrais comme ça" d'un air exaspéré?
— Si en effet.
— Tu sais, la vie, ça va, ça vient. Moi, j'ai pas toujours tout réussi. J'ai dû gérer des impondérables dont j'aurais très bien pu me passer. Un jour, y aura un aspect de ta vie qui te satisfaira, et qu prendra le pas sur le reste. De toutes façons, je veillerai sur toi tant que tu croiras que je le fais. Et pour m'appeler, tu sais comment faire. Appuyer sur le bouton.
— Merci. Je peux te le dire?
— Quoi donc?
— Je t'aime.
— Hihi.
— C'est pas drôle!
— Je sais. Hé, au moins, moi, je ne peux pas te faire de mal. Oublie l'autre. Je ne crois pas qu'il t'apportera grand' chose. Sois zen. Attends ton heure. Je veille sur toi. Allez, fiche le camp maintenant. Va boire un bon café et rentre chez toi.
Elle s'en va. Au bout de quelques pas, elle se retourne, adresse à l'infini un clin d'œil, et souffle un baiser. Elle croit qu'il la regarde. C'est son ange gardien.
Pondu par liloupop, le Samedi 6 Décembre 2003, 21:45 dans la rubrique "dialogues imaginaires".
blablas
Anonyme
06-12-03 à 22:08
ça laisse songeur :)
Reponds-y donc, si tu oses !
Re:
liloupop
06-12-03 à 22:13
pourquoi donc?
Reponds-y donc, si tu oses !
Re: Re:
Alezia
07-12-03 à 01:52
Maintenant, il ne te reste plus qu'à y croire, qu'à LE croire... Je t'embrasse
Reponds-y donc, si tu oses !
Re: Re:
Anonyme
07-12-03 à 13:28
parce que c'est joli, plein de poésie et ça fait réfléchir. :) les écrits qui nous poussent à la réflexion, quelle qu'elle soit, sont rares de nos jours.
Reponds-y donc, si tu oses !
Z'aime beaucoup
Zelia
07-12-03 à 00:10
Effectivement Lilou , t'as raison d'être fière, c'est très joli ce que tu nous a "pondu" ce soir, c'est plus qu'un article , c'est une bonne "petite"(dans le sens courte) nouvelle ... D'ailleurs c marrant , m'a fait penser à une nouvelle que j'avais commencé mais laissé tombée , où il-ya avait un dialogue entre mon personnage et sa "conscience", venue pour la secouer ... P.S : M'a l'air de bien t'aimer et de vouloir ton bien, ton ange gardien . Fais comme-lui ;)
Reponds-y donc, si tu oses !